POLITIQUE LAITIÈRE Les USA aux antipodes des choix européens
Pour sécuriser le revenu de leurs producteurs, les USA envisagent un dispositif de garantie de marge sur le coût alimentaire, couplé à une maîtrise des volumes.
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La France, à l'exception de quelques rebelles de l'Office du lait, en a fait son deuil : l'UE ne reviendra pas sur son choix d'abandonner la maîtrise des volumes. Paradoxe, les USA qui régulaient jusqu'alors à minima, en cas de crise grave, par des programmes nationaux d'abattage de vaches, envisagent sérieusement de mettre une dose de maîtrise dans leur politique pour soutenir autrement leurs producteurs(1). Leur façon à eux de tirer les leçons de la crise de 2009, qui a fait de gros dégâts dans les grands troupeaux. Limiter l'impact de la volatilité du prix du lait et des matières premières, tel est l'objectif du « Dairy Sécurity Act », en discussion à la Chambre des représentants et au Sénat. Soutenu par les Démocrates et les Républicains, ce projet de loi devrait être voté par le congrès en 2012 pour une mise en oeuvre dans le prochain Farm Bill.
Garantie de marge...
Plus concrètement, les producteurs auraient accès à un dispositif de garantie de marge sur coût alimentaire, qui remplacerait le soutien actuel du prix du lait(1). Le producteur engagé volontairement dans ce dispositif serait garanti pour 80 % de sa « référence » (la meilleure des trois dernières années de son engagement) d'une marge de 9 $ sur le coût d'une ration théorique couvrant la production journalière de 100 kg de lait, génisses de renouvellement incluses. Ce premier niveau de garantie serait gratuit. Au-delà, il aurait la possibilité, via une assurance payante, de s'assurer sur un niveau de marge jusqu'à 18 $ et de jouer sur la part de « référence » couverte. Détail : le coût de cette ration théorique serait calculé régulièrement sur la base de prix officiels du foin de luzerne, maïs grain et tourteau de soja.
....sous réserve de réguler la production de lait
Pour bénéficier de cette garantie, le producteur serait obligé de s'engager dans un programme de régulation de sa production. Ainsi, en cas d'évolution défavorable du marché US par rapport aux prix mondiaux et de la marge sur coût alimentaire, la réduction de livraison exigée pourrait aller jusqu'à 4 % de la « référence ». Le lait livré en trop ne serait pas payé… mais dans la limite de 8 % des livraisons. A contrario, ce dispositif de régulation serait automatiquement désactivé quand le prix du cheddar ou de la poudre de lait sur le marché mondial est supérieur à 20 % des prix sur le marché américain.
JEAN-MICHEL VOCORET ET ANDRÉ PFLIMLIN
(1) Des aides contracycliques compensent 45 % de l'écart entre le prix du marché et le prix objectif.
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